
Quel impact sur l'écosystème ?
Descendant du plateau central éthiopien, la rivière Omo serpente à travers le sud-ouest du pays avant de se déverser dans le lac Turkana du Kenya. Les parcs nationaux du lac Turkana inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1997 pour le Kenya sont au nombre de trois. Ils sont situés sur le lac , étant le plus salé des grands lacs africains. Il est un lieu de migration important pour de nombreuses espèces d'oiseaux, ainsi qu'un lieu de reproduction pour de nombreux grands mammifères et reptiles.
En effet, des centaines de milliers d’agriculteurs, d’éleveurs et de pêcheurs autochtones dépendent de ses inondations les plus nourrissantes pour maintenir leur sécurité alimentaire et économies locales. Mais la construction du barrage de Gibe III et l'expansion de grandes plantations irriguées dans le bassin du bas Omo menacent cette stabilité. En outre, Le site est inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril en 2018 en raison notamment de l'impact du barrage sur le site.
Principaux enjeux sociaux et environnementaux :
Les peuples autochtones de la basse vallée de l’Omo sont placés à grand risque en raison de la régulation du débit du fleuve par le barrage, qui conduit à l’élimination du cycle naturel des crues.
Les agriculteurs en aval, cultivent les rives du fleuve après l’inondation annuelle, qui soutient le renouvellement des pâturages pour les éleveurs.
Les documents détaillant le projet, laissent entrevoir une compréhension superficielle du rôle de la crue annuelle dans l’économie locale et la sécurité alimentaire, et passent pratiquement sous silence la reconnaissance des droits coutumiers à la terre et aux ressources pour les collectivités touchées. Sans la prise de mesures d’atténuation appropriées, le projet a des effets néfastes sur la qualité de vie des populations locales, provoquant une famine chronique, une mauvaise santé, et une dépendance vis-à-vis de l’aide alimentaire.En effet :
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Le Plan d’action pour la réinstallation exclue les collectivités en aval qui perdraient leurs patrimoines de subsistance et quelque 275 familles nomades de Hadiya (près de 1 400 personnes) qui perdraient leur accès aux pâturages de la région du réservoir ;
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La perte de biodiversité et les impacts sur des zones nationales et internationales protégées ont été rapidement jugés négligeables et écartés ;
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L’absence de modélisation hydrologique du Basin de l’Omo pour déterminer les risques dans le contexte d’un changement climatique ;
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Les impacts globaux des barrages existants et prévus, ainsi que des vastes plans d’irrigation ont été analysés d’une manière simpliste.
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L’inondation artificielle repose sur des hypothèses inadéquates, une méthodologie et une analyse insuffisantes, une absence de modélisation scientifique des résultats prévus en matière de productivité vivrière, et une absence d’identification des zones qui ne seraient plus touchées par l’inondation prévue ;
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La détermination du flux environnemental est fondée sur une mauvaise méthodologie, qui ne tient pas compte des meilleures pratiques dans le domaine et pourrait nuire à l’écosystème en aval au lieu de le protéger. Des observateurs estiment que le flux environnemental au niveau du Barrage de Gilgel Gibe n’a pas été bien respecté ;
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Une zone tampon est prévue autour du réservoir, mais la gestion inefficace de la zone tampon du réservoir du barrage de Gilgel Gibe a provoqué une érosion du bord du fleuve ;
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L’atténuation des conséquences sanitaires dans les alentours du réservoir repose sur la prévention et la surveillance, mais n’offre aucun vaste programme de traitement des infections, notamment le paludisme et les maladies sexuellement transmissibles. L’infrastructure sanitaire pour les collectivités des environs du réservoir pourrait ne pas être renforcée comme promis.
Le projet engendre ainsi, des conflits sur les ressources et un bouleversement de la stabilité sociale et de l’économie de la région.